Fibromyalgie, le paradoxe du mouvement…
En naturopathie, lorsque l’on accompagne un client souffrant de fibromyalgie, il importe de s’appuyer sur les piliers fondateurs de la naturopathie : l’alimentation, la gestion des émotions et l’activité physique.
La fibromyalgie se manifeste, notamment, par des douleurs diffuses d’intensité variable accompagnées d’une grande fatigue. Ces douleurs maintiennent la personne atteinte dans un cercle vicieux de déconditionnement, processus psychophysiologique conduisant à l’inactivité physique. En effet, ces douleurs et la fatigue amènent souvent le fibromyalgique à s’isoler et à ne plus avoir d’activité physique. Cette tendance active des mécanismes préjudiciables à la santé tels que l’inflammation systémique, la kinésiophobie…
Pourtant conserver une activité physique, même minime, est primordial. En effet, la pratique d’une activité physique adaptée va avoir plusieurs incidences :
- développement de la fonction physique avec réduction du déficit fonctionnel
- réduction des douleurs et des points sensibles
- augmentation du bien-être et de la qualité de vie
Briser le cercle vicieux :
Même s’il est très difficile pour une personne souffrant de fibromyalgie d’envisager une quelconque activité en période de crise, il faut cependant essayer de maintenir son corps en mouvement. Cela peut être juste … marcher. Cette activité anodine pour la plupart des gens peut parfois relever du défi lorsque l’on souffre de cette maladie. Alors les jours où bouger est difficile, le simple fait de marcher est déjà une activité physique en soi et est bénéfique pour l’organisme. Pour autant lorsque les crises sont trop fortes ou douloureuses, il faut accepter que ces jours-là… on ne fera rien et c’est pas grave. Mais les jours où la fatigue et les douleurs le permettent, l’activité physique doit être privilégiée car elle aide à briser le cercle vicieux dans lequel la maladie enferme les fibromyalgiques.
Ainsi, à chaque fois que c’est physiquement possible, bougez ! Le fibromyalgique reprenant peu à peu le contrôle de son corps, retrouve une relation apaisée avec ce dernier et reprend confiance en lui.
Les activités anti-douleurs :
La littérature médicale et l’expérience tendent à conseiller une activité aérobie d’intensité faible à modérée. Ce type d’activités, appelées communément d’endurance, implique une augmentation de la consommation d’oxygène par le corps pour la combustion des sucres. Le niveau d’intensité doit cependant demeurer suffisamment faible pour ne pas imposer de difficultés respiratoires ou de douleurs musculaires. Ces exercices vont permettre d’améliorer les capacités cardiovasculaires et respiratoires, une meilleure résistance immunitaire et une meilleure gestion du syndrome dépressif.
Ainsi, on conseille en première approche des exercices d’étirements doux et de la marche à pied. En effet, lorsque l’on pratique une activité physique, les muscles ont besoin d’oxygène. Lorsque l’activité physique est trop intense, les cellules musculaires produisent de l’acide lactique (résultant de la combustion imparfaite du glucose dans les cellules
musculaires). Cet acide lactique est à l’origine des crampes et douleurs musculaires. L’idéal est une activité où le corps est porté, comme la natation, le vélo d’appartement, l’aquagym. Ainsi le corps ne subit pas la contrainte liée aux impacts pouvant, en outre, endommager les articulations. Petit à petit, l’intensité de l’activité pourra être augmentée, tant qu’elle n’entraîne pas de douleurs supplémentaires . Cette notion est primordiale ! Puis, combinés à cette pratique, on pourra envisager d’intégrer des exercices de renforcement musculaire d’intensité faible à modérée.
Dans ses recommandations, l’INSERM insiste sur la pratique de thérapies de mouvement méditatif tels que le taî chi, le yoga ou le qi gong qui améliorent la souplesse, procurent une meilleure connaissance de son corps et permettent également un travail intéressant sur la respiration.
Chez les fibromyalgiques, le système sympathique du système nerveux autonome est constamment sollicité, c’est ce système qui induit le mouvement, l’action et est associé à deux neurotransmetteurs : l’adrénaline et la noradrénaline. Le système parasympathique induit, lui, un ralentissement des fonctions de l’organisme et est associé au neurotransmetteur acétylcholine. La pratique du yoga va aider à stimuler le système parasympathique et ainsi favoriser la relaxation. Le yoga va également renforcer les ressources que le malade peut mobiliser pour faire face au stress et à la douleur et ainsi renforcer sa résilience pour une meilleure gestion des émotions. https://www.youtube.com/watch?v=9r0UuzXuoOA
L’activity pacing :
Il est important d’insister sur la notion d‘activity pacing que l’on pourrait traduire rythme d’activité. Cette notion est primordiale en fibromyalgie. L’approche opérante de la fibromyalgie agit sur les comportements liés à la douleur, et non sur la douleur elle-même. Ainsi, elle recommande de pratiquer une activité qui ne déclenche pas de douleurs mais également d’observer un temps suffisant de repos pour la récupération, mais sans excès, afin de conserver une bonne périodicité dans l’activité physique et maintenir une dynamique.
L’activité physique est toujours un sujet sensible à aborder avec une personne souffrant de fibromyalgie. Il convient de prendre en compte la frustration que ressentent les malades et le fait que eux seuls sont à même d’évaluer jusqu’où aller et quand pratiquer. Le message à faire passer auprès d’une personne souffrant de fibromyalgie, dans le cadre d’un accompagnement naturopathique, est qu’avoir une activité physique, même minime, peut aider à soulager les symptomes de la maladie.